Les nuits ne tombent plus sur Port-au-Prince,
Elles s’effondrent,
Comme des murs criblés de balles,
Comme des cœurs trop fatigués d’espérer.
Les rues ne sont plus que des veines ouvertes,
Saignant la peur et la cendre,
Les cendres des maisons que l’on aimait,
Des foyers réduits à un dernier soupir.
Le CPT règne en ombre froide,
Muet devant les cris des damnés,
Sourd aux larmes qui inondent la ville,
Tandis que les monstres gravent leur loi sur les murs.
À l’université, des visages baissés,
Des étudiants capons,
Silencieux comme des pierres,
Étouffant leur rage sous des livres inutiles,
Car à quoi bon apprendre
Quand le savoir meurt sous la mitraille ?
La force multinationale combat aux côtés de nos policiers dans une lutte acharnée, avançant entre les balles et le chaos. Pourtant, malgré les opérations et les promesses, l’emprise des criminels ne faiblit pas, et les zones libérées sombrent trop vite dans la terreur. Et pendant que les armes tonnent, c’est toujours le peuple qui paie le prix du sang.
Et les rues se vident…
Delmas, Carrefour-Feuilles, Nazon, Kenscoff,
Plus rien que des ombres qui fuient,
Sans toit, sans demain, sans retour.
Ils laissent derrière eux
Des portes béantes sur le néant.
Mais certains ne fuient pas.
Ils tombent.
Là, sur le pavé, dans leur salon,
Sur les genoux d’une mère brisée,
Dans un commissariat devenu tombeau.
Une femme serre son enfant de deux mois,
Un petit corps fragile comme un rêve,
Un rêve qui flambe dans un feu assassin,
Un cri qui s’éteint sous les flammes.
Elle hurle, elle supplie, elle saigne,
Mais les dieux sont morts depuis longtemps.
Les familles regardent leur propre sang
S’effondrer, brûler, s’éteindre,
Et l’écho de leur douleur
Se perd dans l’indifférence des puissants.
Haïti, mon amour, mon agonie,
Toi qui fus promesse, aujourd’hui ruine,
Toi qui fus berceau, aujourd’hui tombe,
Jusqu’à quand, jusqu’où, jusqu’à qui ?
Pierre Paul Stoïchkov
- Étudiant : Sciences Comptables
- E-mail : stoichkovpierrepaul@gmail.com
- Numéro : 41378908