Dans une Haïti marquée par l'abandon de l’État et l'explosion de la violence, des initiatives individuelles comme celles de Frè Luckson émergent comme des lueurs d'espoir. À travers sa fondation Zòn pa fè moun, il lutte pour offrir aux enfants défavorisés une vie digne, loin des foyers de violence et des gangs.
Une vie dédiée au service des autres
De son vrai nom Luckson JEAN, mieux connu sous le pseudonyme de Frè Luckson, cet homme au grand cœur est né à Cité Soleil, une zone souvent stigmatisée. Élève de l’école Don Bosco, il a su transcender les préjugés liés à son origine sociale et a fait de son parcours une source d’inspiration. Le slogan « Zòn pa fè moun » – littéralement « Le quartier ne définit pas l’homme » – est né de son expérience personnelle, affirmant que l’environnement d’origine ne conditionne pas l’échec.
Avant de se lancer dans l’aide humanitaire, Frè Luckson s’était fait un nom en tant qu’artiste évangélique. En 2020, poussé par sa passion pour les autres et sa volonté de combattre les inégalités, il fonde la fondation Zòn pa fè moun. Cette organisation se consacre principalement aux enfants des rues et aux orphelins, leur offrant un abri, une éducation et une chance de rêver à un avenir meilleur.
Frè Luckson est également un homme de famille, père de cinq enfants biologiques. Cependant, il considère tous les enfants de sa fondation comme les siens, s’impliquant personnellement pour leur offrir amour et protection.
Une initiative cruciale pour sauver des vies
Grâce à son travail, Frè Luckson a sauvé des dizaines d’enfants de la rue et de la délinquance. Ces enfants, livrés à eux-mêmes, sont particulièrement vulnérables aux violences, aux abus et à la tentation de rejoindre les gangs armés. Dans un contexte où la pauvreté et l’insécurité dictent les règles, son action consiste à briser ce cercle vicieux en leur offrant des opportunités concrètes : une éducation, des formations professionnelles, et surtout, un environnement sain où ils peuvent s’épanouir.
La rue, souvent théâtre de violences, expose les enfants à des dangers multiples : agressions physiques, abus psychologiques ou sexuels, et surtout, l’enrôlement forcé dans des groupes armés. En les retirant de cet environnement hostile, la fondation Zòn pa fè moun protège ces jeunes et leur permet de grandir dans des conditions qui respectent leur dignité et leurs droits fondamentaux.
Par ailleurs, en offrant un cadre stable à ces enfants, Frè Luckson contribue indirectement à bâtir une société plus équilibrée. Chaque enfant sauvé de la rue est une victoire contre l’amplification de la violence dans le pays.
Un État absent face à ses responsabilités
L’action de Frè Luckson met en lumière une vérité accablante : l’État haïtien est largement démissionnaire dans la protection de ses citoyens les plus vulnérables. Pourtant, la Constitution haïtienne de 1987, en son article 261, garantit la protection des enfants. De même, en ratifiant la Convention internationale relative aux droits de l’enfant en 1995, l’État s’est engagé à respecter et promouvoir les droits des enfants.
En pratique, ces engagements restent lettre morte. Faute de mécanismes efficaces, les familles sont souvent livrées à elles-mêmes, incapables d’offrir à leurs enfants les conditions minimales pour leur développement. Cette irresponsabilité étatique crée un vide que des citoyens comme Frè Luckson tentent de combler, à travers des initiatives locales et indépendantes.
Un modèle à suivre pour l’avenir d’Haïti
Dans un pays où les défis semblent insurmontables, Frè Luckson et sa fondation incarnent un exemple à suivre. Son combat pour les droits des enfants prouve qu’il est possible, à travers des actions concrètes, de transformer des vies et d’alléger le poids des inégalités.
En attendant que l’État prenne enfin ses responsabilités, des initiatives comme celles de Frè Luckson sont essentielles pour offrir une alternative aux enfants vulnérables et prévenir leur intégration dans les réseaux criminels. À travers son travail, il nous rappelle une vérité fondamentale : un avenir meilleur pour Haïti commence par la protection et l’éducation de sa jeunesse.
Par Ricky JOSEPH
Étudiant à l'UEH
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