Blocage de la route nationale no 2 : la population méridionale d’Hayti paie le prix fort

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Depuis fin juin 2024 la route nationale no 2 est bloquée pour contrecarrer l’expansion des gangs qui avaient envahi la cité de Gressier au mois de mai. Ce blocage oblige la population à recourir à d’autres moyens de transport risqués et très coûteux.


Le contrôle de pratiquement toute la commune de Gressier par les gangs augmente les risques que Léogâne subisse le même sort. Pour mieux protéger la cité d’Anacaona les forces de l’ordre ont coupé le trafic terrestre habituel de la route nationale. Cette mesure était censée priver les gangs de 103 zonbi des postes de péage, l’une de leur principale source de revenus, qu’ils avaient instaurés.


Face à cette situation les habitants sont obligés d’utiliser fréquemment le transport maritime et les routes sinueuses des mornes passant par Degan , section communale de Carrefour, ou par Seguin, village situé dans les hauteurs de Kenscoff. Ces passages exposent les usagers à de nombreux risques d’accidents, car les routes sont dans un état déplorable et les bateaux transportent à la fois passagers et marchandises sans aucun contrôle des responsables du Service maritime et de navigation d’Haïti (SEMANAH). De surcroît, ces transports sont très coûteux car les voiliers et les motocyclettes paient les gangs tout au long du parcours.

  Une motocyclette chargée qui passe par Degan paie trois postes de gangs lourdement armés à 250 gourdes et d’autres jeunes qui nettoient et bouchent les trous au bord de la route. « Parfois le parcours me coûte jusqu’à 1250 gourdes, lorsqu’il a plu et que ma moto est très chargée», explique Sassine, un motocycliste qui parcourt régulièrement la route.


Une marchande qui a fait le trajet carrefour/ Léogâne en voilier le 11 décembre dernier explique que les marins ont payé 95 000 gourdes répartis comme suit: 15 000 gourdes pour l'espace où était rassemblé les marchandises avant de l’embarcation, 50 000 pour le groupe gang de Fontamara, 15 000 pour celui de Mariani et 15 000 enfin 15 000 pour celui de 103 zonbi de Gressier. Ces deniers qui ont fait pression sur les voyageurs en tirant des coups de feu par dessus du bateau, lorsque les marins ont essayé de négocier pour payer moins que 15 000 gourdes.


Le prélèvement illégal des droits de passages fait augmenter les prix des produits. Une situation qui aggrave encore plus la crise humanitaire que connait le pays, notamment au niveau alimentaire. Selon l'Organisation des Nations-Unies près de la moitié de la population se trouve en situation d’insécurité alimentaire. 


Les gros bateaux transportant les conteneurs et d’autres véhicules dans le Grand Sud laissent généralement monter gratuitement quelques dizaines de passagers. 


Dans la nuit du 14 au 15 décembre dernier la Cécilia a fait naufrage dans les eaux de Petit-Goâve. Onze jours plus tard, le 23 décembre, le Maelys Lome II s’effondre en plein embarquement à Varreux. Ces naufrages ont fait plusieurs morts et disparues.   


Que ce soit à travers à la route nationale ou les autres voies de circonstances la population est exposée à la méchanceté des gangs qui contrôlent près de 90 % de la capitale haytienne. Alors que le premier ministre Alix Didier Fils-aimé tarde à honorer sa promesse de réouvrir les routes nationales.


 Par Vanessa Louis JEAN

  • Étudiante finissante en Relations internationales à l’UEH
  • Enseignante
  • Activiste littéraire 
  • Jeanvanessalouis2000@gmail.com
  • Tels: 3630 1451







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