La main agissante des États-Unis en Hayti

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La doctrine de Monroe, proclamée en 1823, a ouvert la voie à l’expansionnisme des États-Unis sur le continent américain, sous le principe : « L’Amérique aux Américains ». Ce postulat a permis aux États-Unis de s’arroger un droit de contrôle sur les nations du continent. Ainsi, Hayti, bien que nation indépendante depuis 1804, s’est retrouvée sous l’influence directe et indirecte des dirigeants américains, au point de connaître désillusions et calamités. Le peuple haytien est devenu la risée du monde, perçu comme un peuple mendiant par les puissances étrangères.


Avec cette doctrine, les États-Unis se sont imposés comme les nouveaux gendarmes des Amériques, dictant leurs lois et imposant leur hégémonie. En 1823, lors du Congrès de Panama, Hayti a été délibérément exclue par les États-Unis sous prétexte que ce jeune État indépendant, né d’une révolution d’esclaves, représentait une menace pour l’ordre esclavagiste en place. L’indépendance haytienne, conquise par les héros de 1804, était une rupture historique qui défiait les puissances esclavagistes et inspirait les peuples opprimés à revendiquer liberté et dignité.


Pour les dirigeants américains, Hayti incarnait une rébellion dérangeante. Ce n’est qu’en 1862 que les États-Unis ont officiellement reconnu l’indépendance haytienne et établi des relations diplomatiques. Pourtant, cette reconnaissance n’a pas freiné leurs ambitions. En décembre 1912, bien avant l’occupation militaire de 1915, les États-Unis ont saisi les réserves d’or de Hayti, conservées à la Banque Nationale de la République d’Hayti (BNRH), fondée en 1880 sous la présidence de Lysius Salomon.


Entre 1912 et 1915, Hayti a traversé une période d’instabilité politique marquée par l’assassinat du président Vilbrun Guillaume Sam, lynché le 27 juillet 1915. Cet événement tragique a servi de prétexte au débarquement des troupes américaines dès le lendemain, le 28 juillet. Cette occupation, planifiée de longue date, visait à prendre le contrôle des douanes, des ports et du pouvoir politique haytien. Elle a duré 21 ans, au cours desquels les États-Unis ont remodelé la structure politique et économique du pays, en remplaçant les élites locales par des dirigeants favorables à leurs intérêts.


En 1934, les troupes américaines se sont retirées du territoire haytien, marquant la fin de l’occupation militaire. Cependant, le contrôle politique et économique exercé par les États-Unis n’a jamais vraiment cessé. Depuis cette période, Hayti est restée sous leur influence, s’enfonçant dans une spirale de dépendance et d’incertitudes. Cette mainmise a contribué à l’émergence de groupes armés, souvent alimentés par des ressources provenant des États-Unis, plongeant le pays dans une insécurité chronique.

Comme l’a si bien résumé Dantès Bellegarde en 1918, alors ministre des Affaires étrangères : « Si loin de Dieu et si près des États-Unis ». Ces mots poignants traduisent le sentiment d’abandon et de mépris ressenti par le peuple haytien face à l’influence persistante des États-Unis, dont l’action, bien que subtilement dissimulée, reste omniprésente dans les affaires politiques et économiques de Hayti.


Par Thélus JEAN FRANÇOIS

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