Le droit à l'éducation est un thème intemporel, inscrit dans de nombreux textes juridiques internationaux et nationaux, qui soulignent son importance pour le développement humain et social.
- Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH, 1948) :Article 26 : "Toute personne a droit à l’éducation. L’éducation doit être gratuite, au moins en ce qui concerne l’enseignement élémentaire et fondamental. L’enseignement élémentaire est obligatoire."
- Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIRDESC, 1966) :Articles 13 et 14 : "Ces articles reconnaissent le droit à l’éducation et obligent les États à rendre l’enseignement primaire obligatoire et gratuit. Ils encouragent également l’accessibilité à l’enseignement secondaire et supérieur."
- Convention relative aux droits de l’enfant (CRE, 1989) :Article 28 : "Cet article reconnaît le droit de l’enfant à l’éducation et demande la gratuité et l’obligation de l’enseignement primaire."
- Objectifs de développement durable (Agenda 2030) :Objectif 4 : "Garantir une éducation de qualité inclusive et équitable et promouvoir des opportunités d’apprentissage tout au long de la vie."
- Constitution de 1987 (Haïti) :Article 32 : "Les enfants ont droit à la protection, à l’éducation et au développement."
- Code de l’enfant (2001) :Ce code codifie les droits des enfants en Haïti, y compris leurs droits à l’éducation, à la protection contre les abus, et à la participation à la vie publique et sociale.
L'importance du droit à l'éducation
Ces textes illustrent combien l’éducation est cruciale pour le développement des êtres humains. Comme l’a écrit Emmanuel Kant : "L’homme ne devient homme que par l’éducation." Cette dernière est le seul moule capable de transformer les êtres vivants en cette œuvre d’art que l’on appelle "humain." Il est toutefois essentiel de distinguer le droit à l’éducation du droit à l’enseignement. Le premier englobe le développement global de l’être humain — physique, spirituel, social, moral, politique et économique — tandis que le second se concentre sur la formation scolaire et universitaire.
La crise et son impact sur l'éducation en Haïti
En Haïti, où "seule la crise n’est pas en crise," le droit à l’éducation est lourdement impacté par les multiples turbulences. Comme l’a titré Le Devoir : "Haïti : on est passé d’une crise profonde à une crise aiguë." L’histoire de ces crises remonte à des choix marquants : les conditions difficiles de l’indépendance, l’assassinat de l’Empereur Jean-Jacques Dessalines, ou encore les dérives institutionnelles post-indépendance.
Depuis 2019, Haïti subit des crises de plus en plus complexes : peyi lòk, pandémie de Covid-19, et violences des bandes armées. Ces crises ont paralysé le système éducatif. Les grèves, les fermetures d’écoles, et le déplacement forcé des familles témoignent de cette réalité. Selon Ayibopost (novembre 2024), plus de 3 000 écoles ont fermé dans les départements de l’Ouest et de l’Artibonite, principalement à cause des bandes armées.
Les enfants de familles déplacées n’ont plus accès à l’éducation. Beaucoup ont perdu leurs parents, tandis que d’autres, confrontés à une précarité économique extrême, ne peuvent subvenir aux besoins éducatifs de leurs enfants. Par ailleurs, l’absence de modèles positifs pour les jeunes, le pouvoir des réseaux sociaux et l’influence des gangs exacerbent la situation.
Selon l'UNICEF 70% des recrutés sont des jeunes.
Vers une solution durable
Pour redresser cette situation, il est impératif de rétablir des cercles sociaux positifs (clubs de débat, de lecture, de danse, de sport, etc.) qui favorisent le développement global des jeunes. L’éducation doit aller au-delà de l’enseignement classique pour inclure des valeurs morales et sociales. Enfin, un contrôle strict des réseaux sociaux s’impose pour limiter leur rôle dans la glorification des violences.
Le droit à l’éducation en Haïti doit redevenir une priorité, même en temps de crise, afin d’assurer un avenir meilleur pour les jeunes générations.
Par AUGUSTE Jimeson