En Haïti, des marques de luxe comme Gucci, Louis Vuitton, Prada et Fendi : symboles de la richesse des gangs armés

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Dans le monde de la mode, certaines marques ont toujours été prisées par le grand public. Les personnes qui les portaient donnaient l'impression d'appartenir à une classe fortunée, car tout le monde n'avait pas les moyens de s'offrir des vêtements, voire des chaussures, de ces marques de luxe.


Pour un pays appauvri comme Haïti, porter un vêtement de marque semblait autrefois presque impossible. C'est pourquoi les jeunes des quartiers populaires faisaient la queue près de la cathédrale au Bel-Air (bò katedral) ou sur la paille au marché de la Croix-des-Bossales (sou pay), dans l'espoir d'acheter un t-shirt original – ou une imitation – arborant le logo d'une marque de luxe, et ce, à un prix abordable. Pour eux, cela représentait un moyen d'afficher un certain style et une apparence élégante.


Les jeunes s'adonnaient à cette forme d'acculturation, car cela leur permettait de se démarquer de leur classe sociale, particulièrement sur le plan économique.


De nos jours, cette pratique s'est intensifiée avec la montée de l'insécurité. Même la destruction des points de vente qui servaient autrefois de lieux de rassemblement pour les jeunes, notamment en période de fêtes, n'a pas freiné cette tendance. On constate aujourd'hui une importation massive de ces vêtements en Haïti, accompagnée d'une forte exhibition sur les réseaux sociaux. Ces vêtements sont majoritairement portés par des hommes et des femmes membres de la coalition appelée "Viv Ansanm".


Mais pourquoi ?

Comme mentionné plus haut, porter ces vêtements de marque est perçu comme un symbole de richesse. Autrefois, un jeune issu des classes défavorisées ne pouvait pas se permettre de tels privilèges. Aujourd'hui, pour ces jeunes, ces marques sont un moyen de se faire remarquer, de montrer leur ascension économique. Ils ne portent que du Gucci, du Prada, ou du Fendi. Leurs maisons arborent les couleurs et les symboles de ces marques, tout comme leurs voitures. Ils s'identifient à ces marques et s'exposent fièrement.


Cependant, cette tendance est devenue un signe distinctif des gangs armés, au point de constituer une cible. De nombreux jeunes, ne faisant pas partie de ces groupes, évitent de porter ce type de vêtements, par crainte d'agressions physiques de la part de policiers ou d'une frange de la population civile.


S'habiller avec un complet Gucci ou Fendi dans les rues de Port-au-Prince est désormais un risque que peu sont prêts à prendre, car cette pratique est aujourd'hui associée aux gangs armés.


Orilas Abigaël
  • Étudiant en sciences politiques à l'INAGHEI
  • Membre de l'association politique "KAD"
  • Influenceur
  • Activiste politique
  • 36126624



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