Haïti : L'éducation en péril, un avenir menacé

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Partout en Haïti, l'adage "tant vaut l'éducation, tant vaut la nation" résonne souvent. Cependant, la réalité est tout autre. Si l'éducation est l'un des piliers les plus importants pour une nation, elle est méprisée par l'État haïtien. De la délabrement des fonds du Programme de Scolarisation Universelle Gratuite Obligatoire (PSUGO) au déplacement de centaines d'écoles suite aux violences armées des gangs, aucune mesure concrète n'a été prise par les autorités, que ce soit pour punir les criminels ou pour aider à faciliter le retour des enfants sur les bancs de l'école.


Depuis la naissance du pays, l'éducation du peuple haïtien a toujours été une question difficile à laquelle l'État n'a jamais pu trouver une réponse satisfaisante. La constitution du 29 mars 1987 stipule clairement dans l'article 32.1 : « L'éducation est une charge de l'État et des collectivités territoriales. Ils doivent mettre l'école gratuitement à la portée de tous, veiller au niveau de formation des enseignants des secteurs public et privé . » Pourtant, l’État n’a jamais pleinement assumé cette responsabilité.



Depuis la gouvernance de Jean-Jacques Dessalines, en passant par la dictature des Duvalier, les écoles publiques étaient peu nombreuses et les efforts pour en augmenter le nombre étaient insuffisants. Sous le gouvernement de Jean-Bertrand Aristide entre 1994 et 2000, des notables ont été réalisés avec la construction de 195 nouvelles écoles primaires et 104 nouveaux lycées publics, y compris la première école secondaire de Cité Soleil. Cependant, le nombre d'écoles reste insuffisant.



La Prédominance des Écoles Privées

En raison de ce manque, l'éducation, qui devrait être assurée par l'État, se retrouve aux mains d'écoles privées, majoritairement chrétiennes (catholiques et protestantes). Selon le Ministère de l'Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP), plus de 88 % des écoles en Haïti sont privées. Depuis la signature du concordat en 1860, l'État a confié l'éducation à l'Église catholique, souvent considérée comme offrant une meilleure qualité d'enseignement et de structures.


Les écoles publiques, représentant environ 12 % des établissements scolaires, n'ont pas la capacité de répondre aux besoins de tous les enfants du pays et sont souvent en grève pour des raisons financières, l'État ne payant pas les enseignants à temps. Depuis le 1er juin 2021, lorsque les gangs ont pris le contrôle de Martissant, de nombreuses familles ont dû fuir, entraînant la fermeture de la majorité des écoles de la zone. L'État haïtien n'a pris aucune mesure concrète pour faciliter le retour des habitants et la réouverture des écoles.

Les violences des gangs s'étendent à d'autres zones comme Carrefour-Feuille, Croix-des-Bouquets et Bel-Air, aggravant la crise éducative. Selon le MENFP, environ 1 700 écoles publiques et privées sont fermées dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, affectant des milliers d'élèves.



Des Mesures Annoncées Mais Pas Appliquées

Le ministre de l'Éducation nationale a annoncé des mesures telles que l'organisation d'ateliers de lecture et d'écriture, la mise en place d'une assistance psychologique pour les enfants déplacés et la diffusion de cours à la radio et à la télévision. Cependant, ces initiatives restent en attente de mise en œuvre.


Face à l'aggravation de la situation, les riverains se sentent abandonnés, souvent dépendants des organisations internationales pour une aide minimale. L'État doit augmenter sa capacité à répondre aux besoins éducatifs des enfants. Entre fonds éducatifs délabrés, promesses non tenues, mesures annoncées non respectées et l'augmentation continue de l'insécurité, les enfants attendent désespérément une réponse de l'État pour retourner à l'école, préparer leur avenir et assurer l'avenir du pays.



Par Ricky JOSEPH

Étudiant à l'UEH

rickyjoseph1998@gmail.com

+ 509 4778 0585

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