Haïti, depuis les trois premiers mois de l’année 2024, se plie aux vents des assauts des criminels du « viv ansanm » qui sèment une terreur aveugle où sont bafoués les droits fondamentaux des personnes. Cet enlisement dans lequel s’engouffre le pays est corollaire, en grande partie, de la débâcle sans cesse répétée de la classe politique pratiquant toujours la « nécropolitique » pour la prise et la conserve du pouvoir.
La nation haïtienne, notamment la Zone Métropolitaine de Port-au-Prince (ZMPAP) constitue le lieu théâtral où s’exerce la violence mortifère des gangs armés. Cette violence hors limite perpétrée par le groupe « viv ansanm » ne réclame que du sang et du sang pourtant se cache sous un couvercle révolutionnaire. Des gens sont tués, certains sont contraints d’abandonner leur maison respective pour aller s’abriter dans des lieux encore comminatoires, des centres d’enseignements supérieurs et professionnels font l’objet d’incendie et de pillage au passage monstrueux de ce groupe prétendument porté par un projet sociétal nouveau.
Selon les chiffres disponibles du Bureau Intégrée des Nations-Unies en Haïti (BINUH), 2 505 personnes ont été tuées en seulement l’espace du premier trimestre de l’année 2024. Même là encore les chiffres de BINUH nous paraissent inexacts au regard de ce que nous avons comme réalité. Bref, trêve de discussion. De toute façon, ceux qui ont l’argent, ont aussi les chiffres. Mais, il suffit de parcourir les coins et recoins des rues à port-Au- prince pour voir que ces chiffres manquent à leur pertinence. L’ensauvagement du contexte est beaucoup plus incommensurable. Les vivants et les cadavres ne se distinguent plus. En effet, quel que soit sa pertinence, aucun texte écrit ne soit en mesure de rapporter fidèlement la quantité de gens qui sont tombés, durant ce trimestre, sous les balles assassines de l’affrontement entre la police et les bandits.
Il faut dire, ce 29 février dernier a été la date qui débute cette intensification maximale de la violence et qui continue encore à semer des morts dans les rues de Port-au-Prince. Comme a dit, une ancienne étudiante de la Faculté des Sciences Humaines (FASCH), Jessica Nazaire, regrettée de mémoire : « ici, c’est toujours avec un cadavre qu’on salue l’aube », comme si elle est en train d’observer les faits actuels. Eh oui, à Port-au- Prince du ‘’ viv ansanm ‘’, les cadavres continuent à se multiplier. Hélas ! Quel sort jeté à un si beau peuple qui ne veut qu’être libre, de pouvoir décider de son propre destin !
De l’autre côté, le cas des déplacés grossit à un chiffre qui fait peur ; d’après un rapport publié le 19 avril 2024 par l’Organisation Internationale pour les Migrations(OIM), plus de 362 000 déplacés dont 180 000 enfants courbent devant une extrême précarité sanitaire et alimentaire. Des pauvres gens qui ont construit leur modeste maison sont maintenant contraints de dégager et vider les lieux au risque de payer de leur peau. A l’heure où l’on parle, les réfugiés dans les camps baisent avec la famine, les maladies de toute sorte, l’insalubrité, les violences sexistes et sexuelles et j’en passe. Tout se passe comme si on est en train d’expérimenter la théorie malthusienne en Haïti. Rappelons-le, pour le besoin, cette théorie stipule que l’équilibre entre l’économie et la démographie est possible dans la mesure où seulement qu’on commence par tuer les enfants des pauvres. Qui sait ? Personne. Toutefois, des tentatives d’aide s’y identifient mais n’ont pu faire de long feu. La vulnérabilité des réfugiés persiste.
Que disait-on ? La violence hors limite. Personne n’y échappe. L’université, partout, qui demeure un espace respecté et sacré, est tombée sous le coup de fouet des gangs armés. Plusieurs facultés de l’Université d’Etat d’Haïti (UEH) dont Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire(FAMV), Faculté des Sciences(FDS), Ecole Normale Supérieure(ENS), tout récemment Faculté de Médecine et Pharmacie ont été vandalisées et pillées au passage musclé du groupe ‘’ viv ansanm’’. Ces actes de pillages exercés à l’ endroit de ces facultés, dont on ne voit pas le sens, sont, à notre sens, de la barbarie la plus extrême. L’université, parmi tant d’autres institutions, doit constituer un lieu intouchable. Même si on est animé par un nihilisme et un désir de destruction, mais on ne doit pas se permettre certaines choses.
Un fait est certain, au-delà des préoccupations intellectuelles des uns et des autres, le constat d’échec de la classe politique haïtienne est sans appel. Tout ce qui dessine actuellement comme violence et les cadavres qui entassent les rues de Port-au-Prince sont la conséquence immanente de sa « nécropolitique ». De l’indépendance à nos jours, elle ne parvient pas à doter le pays d’un projet national viable. Faire de la politique en Haïti est un des moyens les plus efficaces d’accumuler des richesses même si cela compromet la vie des autres. Comme le rappelle Maurice Duverger dans son « Introduction à la science politique » qu’il est le propre des petits pays : « dans une société où les biens disponibles sont moins nombreux que les besoins à satisfaire, chaque homme s’efforce de conquérir pour lui-même le maximum d’avantages sur les autres : détenir le pouvoir est un moyen efficace d’y réussir » (1964 ; p29). L’auteur a fourni une belle observation sans faute de nos hommes politique qui se livrent à une, d’après l’expression de Mosca, « lutte pour la prééminence ». Le peuple croule en bas la misère, néanmoins, la morale de leur politique ne change pas : tout pour moi, rien pour le peuple. Pour ainsi dire, une politique qui met hors-jeu l’intérêt commun.
N’en déplaise à certains, la situation s’envenime davantage avec la reconfiguration de la politique haïtienne par l’international qui a favorisé l’accession au pouvoir de monsieur Martelly en passant par son poulain Jovenel Moise pour arriver au gouvernement d’Ariel Henri qui a tout ruiné à son passage. Contraint de pouvoir rentrer dans le pays, la bêtise de l’ex premier ministre Ariel Henry est telle que le pays se retrouve maintenant sous le contrôle des gangs armés et avec un conseil présidentiel, installé ce 25 avril dernier, de sept membres qui jusqu’à présent ne fait aucun signe de vie.
Comme c’est toujours quasiment le cas, sous l’initiative de la communauté internationale notamment la CARICOM un Conseil Présidentiel Transition vient d’être installé, avec le même objectif de foutaise : changer la vie, rétablir la sécurité et l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire National. Si l’on revisite l’histoire d’après le professeur Luné Roc Pierre-Louis, dans une entrevue accordée à Majik9, a fait savoir qu’Haïti a déjà expérimenté sept (7) collèges présidentiels. Le moins qu’on puisse dire, sans vouloir être pessimiste, le bon sens et la logique voudraient qu’on limite nos attentes de ce conseil qui, d’ailleurs, peine à trouver un membre pour le présider. Le conseil est dans le pré et il ne sera pas trouver les remèdes pour calmer l’ampleur de cette tension actuelle !
Par Jalson VERIUS
✓ Étudiant de l'UEH
✓ Rédacteur de LCI
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