Entre crainte et aspiration, la population s'étouffe dans un espoir désespérant barbouiller par l'aide internationale dont la provenance et l'objectif reste à déterminer, le Conseil Présidentiel qui s'installe sous les rideaux, les scènes de pillage et les atrocités à peine croyables à Delmas, les balles perdues qui emportent tout vers l'au-delà, le dollar qui monte en flèche et les prix de l'essence qui ne peuvent que suivre. Tout ceci se passe sous les regards vide et ahuri de plus d'un. À suivre de près la conjoncture on pourrait la confondre à un scénario sorti tout droit des pires films hollywoodiens où l'anormalité s'est incrustée dans le quotidien comme un élément normatif. La cerise sur le gâteau, braquage et saccage des deux plus grands centres pénitenciers du pays occasionnant la fuite de plus de 3 000 prisonniers dans la nature. Mais où sont-ils passés ? quelles sont les balises apporter à cet état de fait ?
À l'heure actuelle, rien n'est dit, ou du moins cela se passe comme une lettre à la poste. À titre de rappel, la dernière fois qu'il avait une évasion de la sorte dans une prison, la personne que l'on considérait comme la plus dangereuse de la république est mort en prenant la fuite suite à des échanges de tirs avec la police locale qui l'a merveilleusement appréhendé. Ce qui a engendré, d'une manière incompréhensible la montée en excroissance de nouvelles têtes encore plus redoutables dont leurs noms et leurs visages sont présentement connus de tous… Néanmoins la danse continue, mais d'une toute autre manière, ces dernières semaines tout porte à faire l'éloge des coups de filet de la police nationale contre des puissants caïds qui pourtant sont encore mieux armés par rapport au moment où les forces de l'ordre les pourchassaient impuissamment. Tandis que les gros poissons tombent comme des mouches inoffensives, les autres bandits continuent de grandir les rangs des groupes rebelles du pays et force pour la plus belle la population civile à abandonné ces activités de chaque jour ; les rues se vides de plus en plus, les écoles sont fermées, les entreprises sont toutes dysfonctionnelles sinon dévalisées. Même une tentative de protestation n’est malheureusement pas envisageable.
Après plus d'un mois d'intervalle, de prétendues réflexions, de planifications très avancées, aucune mesure n'a été prise en vue de rompre à cette situation infernale. Une situation qui d'ailleurs dépasse de loin, selon certains analystes la trace des turpitudes ayant jalonnées depuis l'après des fameuses deux journées de pillage du 7 et 8 juillet 2018… Les journalistes continuent à tenir en haleine la population dans leur hymne à traditionnel l'espoir, les élites intellectuelles se laissent chorales dans leurs ouvrages et raffermit leurs postures au travers d'un vocabulaire qu'eux seules comprennent, les activistes politiques s'arrogent toujours le droit de parler au nom du peuple et de porter les plus brulants discours révolutionnaire… ils ont tous oublié que le plus grand mal de la population réside dans le fait de ne pas pouvoir s'assurer de sa survie au cours des vingt-quatre (24) heures qui s'écoulent ici et maintenant. Qu'importe la prétendue solution du pays ne peut être émaner d'eux, elle est plutôt de l'étranger qui lui-même n'est pas si étranger du problème. En outre, ces circonstances jouent pied et main à maintenir un climat inconfortable depuis bon nombre de temps à diverses catégories dans la société (paysans, commerçants, professeurs, étudiants, professionnels. etc.) qui sur ces entrefaites sont poussées à contre cœur vers l 'ailleurs.
De plus, de part l'incertitude qui s'installe, Maître Arnel Rémy dans un entretien accordé à RFI, ne mache pas ces mots en précisant qu'à l'heure actuelle circule sans l'ombre d'un doute des bandits de toutes. acabits parmi la population civile ; des violeurs, des kidnappeurs, des trafiquants d'armes… Effrayé la population essaie timidement d'apporter son aide à la Police en dénonçant tout œil suspect. Mais encore faut-il selon l'avocat que des enquêtes s'ouvrent pour étayer la situation, afin de savoir non seulement quelles sont les personnes à remettre derrière les barreaux mais aussi s'il avait eu de connivence entre personnes travaillant aux centres pénitenciers et les chefs de gangs afin d'adopter par la suite les mesures qui s'imposent. Entre temps, tout le monde est désormais conseillé de ne pas emprunter à une heure en raison des localités dont ils ne sont pas habitués sans identifiants, sinon c'est l'enfermement assuré.
En Haïti, comme on sait un dossier couvre un autre, de cette manière, on oublie ce qui fait vraiment mal pour finir par s'intéresser aux supercheries incommodes. Il est absolument important d'apporter des remèdes aux maux qui s'évitent actuellement, mais trop souvent on passe à l'oublie ce qui est en constante ébullition. Un mois s'est écoulé suite à la fuite d'individus dangereux des deux prisons les plus sûres du pays. Un mois s'est écoulé, on procède comme à l'ordinaire, on s'accommode à la situation, on reste confiné chez nous, on mange, on rit, on espère et on oublie ses yeux dans un infini lointain en attente de l 'incertain. A cette phase la sociologie de Jean-Price nous en témoigne : « L'haïtien est un peuple qui chante, et qui souffre, qui peine et rit, qui danse et qui se resigne ». Mais la question qui titille véritablement les esprits que l'on redoute à tort ou à raison, c'est de savoir suite à cette crise non résolue ; Quelles autres folles épisodes qui vont jouer à Port au Prince dans les jours futurs ? Comme raconte souvent James Fleurilus dans ses discussions sur les enjeux socio-politiques du pays, Haïti est une république qui s'enlise dans une suite de conjoncture négative.
Lutherson Beaugé
Rédacteur à LCI
Étudiant à l'Université d'État d'Haïti
Courriel : luthersonbeauge726@gmail.com