L'effondrement
de la communauté politique Haïtienne, quel rôle et quelle responsabilité pour
les acteurs nationaux ?
"L'homme a
besoin de vivre dans une communauté politisée", affirme Aristote. Ces
dernières années, il est indéniable que la politique en Haïti a connu une
détérioration manifeste, marquée par la complicité et l'inaction de ceux qui
devraient la guider, contribuant ainsi à nous plonger dans une situation
désastreuse.
En effet, la politique semble être prise en otage par des anarchistes, ce qui donne à penser à certaines personnes que nous vivons dans une communauté apolitisée. Cependant, une frange de la population, notamment parmi les intellectuels et ceux qui cherchent à appréhender les choses différemment, soutient le contraire, arguant que nous sommes bel et bien dirigés dans cette communauté. Il est néanmoins légitime de remettre en question la responsabilité des acteurs politiques, le devoir des institutions et des autres composantes de la société.
Prenons par exemple
le secteur religieux en Haïti. Ce secteur détient une influence considérable
sur l'avenir de la communauté à travers ses églises et ses écoles. Les entités
de ce secteur ont les moyens et la capacité d'influencer et d'éduquer les futurs
citoyens de notre communauté, bénéficiant d'une domination certaine sur leurs
fidèles. Cependant, malgré sa représentativité majoritaire, soit plus de 85% de
la population selon les dernières données de l'EMMUS VI, peut-on qualifier de
responsable le leadership de ce secteur ? Il est regrettable d'entendre
certains influenceurs de ce secteur déclarer leur désintérêt pour la politique
et encourager leurs disciples à s'en éloigner.
En Haïti, nos universités semblent peu productives, se contentant souvent de leur zone de confort. Les universitaires n'orientent pas suffisamment leurs efforts vers ceux qui ont besoin de leur expertise intellectuelle. Il est dommage de ne pas tirer parti de notre position pour assumer pleinement notre mission d'éducation politique auprès de la population.
Quant à la vie
politique réelle, les partis politiques ont le droit légitime de lutter pour le
pouvoir, mais trop souvent sans véritable intention de servir, mais plutôt
d'être servis. La plupart des structures politiques manquent d'une vision
sociétale claire et sont composées d'individus sans véritable projet, désireux
uniquement d'accéder au pouvoir pour poursuivre les pratiques de leurs
prédécesseurs consistant à s'enrichir aux dépens de la population et de
l'administration publique.
Face à ces sombres
réalités, il est impératif de reconstruire l'environnement politique d'Haïti en
dépit du fait que la politique ne soit pas nécessairement un objet de
sanctification. Chacun doit prendre conscience de sa responsabilité, afin que
nous puissions sortir d'une communauté politiquement déséquilibrée au détriment
de ses citoyens.
Mardoché DAMÉLUS,
Etudiant en Médecine.
Rédacteur LCI.
@Mdamelus (X ou tweeter)