Par Dieuvener JOSEPH
Haïti, autrefois la Perle des Antilles, une nation à
l'histoire stupéfiante, est aujourd'hui fragmentée à travers toutes ses couches
sociales. Ces fragments sont douloureux, et cette douleur qui traverse le cœur
de notre nation est incommensurable. Les étudiants font partie d'une couche
très importante de la société, que ce soit une vérité ou un mensonge, ils
disent qu'ils représentent l'avenir.
Aujourd'hui, nos étudiants, ces jeunes esprits
prometteurs qui ont déjà dû sacrifier leur santé pour obtenir une éducation, se
trouvent au bord du précipice, et ceci semble être de la complicité de nos
autorités étatiques. Ces derniers ont dû quitter leur ville natale, leurs
familles, leurs amis, leur bien-être et leurs racines pour venir étudier à
Port-au-Prince, espérant ainsi obtenir un diplôme de licence qui améliorerait
leur vie et contribuerait au développement social, économique et politique de
leur communauté tout en refusant de fuir le pays n'importe comment.
Malheureusement, Port-au-Prince, notre capitale, est
devenue une mosaïque de rêves étouffés, où des étudiants venus des provinces
pour poursuivre leurs études universitaires y sont installés, souvent au péril
de leur propre bien-être, pour finir tous aux sorts qu'elle nous réserve. Les
sacrifices qu'ils ont consentis pour accéder à l'éducation sont dignes
d'admiration, mais leurs courages sont mis à rude épreuve.
Ces derniers temps, la situation s'est aggravée dans
la zone métropolitaine de Port-au-Prince, comme à Carrefour Feuille, où les
gangs armés ont non seulement pillé les maisons de ces étudiants courageux mais
les ont aussi réduites en cendres. Face à une telle menace, bon nombre d'entre
eux ont trouvé refuge dans les salles de cours, mais là encore, le destin cruel
les a frappés. Les portes de ces sanctuaires du savoir ont dû se refermer, car
même les facultés ne peuvent plus garantir la sécurité de nos futurs leaders.
Le désespoir et la frustration sont palpables. Ces étudiants sont sur le point
de perdre bien plus que leur avenir académique. Ils risquent de perdre le fruit
de leurs sacrifices et de se voir voler la chance d'un avenir meilleur.
Désespérés, ils ont dû retourner chez eux à la campagne sans rien trouver comme
bonheur, mais bien au contraire avec beaucoup de regret et de remords car ils
avaient refusé l'émigration (Brésil, Chili).
Mais pourquoi en est-on arrivé là ? La complicité des
autorités étatiques dans cette crise est indéniable. Le silence assourdissant
des institutions gouvernementales face à ces actes criminels est une trahison
envers la jeunesse de notre nation. Ces hommes et femmes sans cœur, qui
prétendent représenter le peuple, ne semblent rien faire pour résoudre cette
situation. Pire encore, des rumeurs circulent selon lesquelles certains d'entre
eux pourraient être les cerveaux derrière ces gangs armés. C'est avec une
profonde amertume et un sentiment de remords que nous observons cette tragédie
se dérouler sous nos yeux.
Nous devons nous rappeler que l'éducation est la
pierre angulaire de tout progrès. Ignorer la souffrance de nos étudiants, c'est
condamner notre nation à un avenir sombre. Il est temps que la nation haïtienne
se lève, que nous dénoncions cette complicité et que nous défendions notre
jeunesse. Le sort de nos étudiants ne peut plus être ignoré. Ils méritent un
avenir meilleur, et il est de notre devoir de le leur offrir.
Le temps est venu pour les autorités de faire preuve
de courage et d'agir, avant qu'il ne soit trop tard pour ces jeunes âmes
courageuses qui ont déjà tant sacrifié pour Haïti. Tant nous voguons l'un vers
l'autre dans cette mer de crise continuelle où notre destination semble nous
échapper à perte de vue à chaque pas, tant nous perdons tous confiance en notre
avenir. Jeunesse! Que devrions-nous faire pour éviter ce gaspillage de temps et
d'énergie ? Entre nous laisser abattre et se révolter, quelle sera la meilleure
option ? N'est-il pas le moment de choisir entre vivre dans la résignation ou
mourir pour le bien de nos petits-fils ?
Dieuvener
JOSEPH,
Étudiant
finissant en sciences comptables à l'INAGHEI