Dans ce roman est racontée
l’histoire de Manuel qui, après avoir passé quinze ans à Cuba pour du travail,
revient au pays natal, plus précisément au village Fonds-Rouge. En y arrivant,
il a constaté que la zone était ravagée par la sécheresse et était divisée par
la rivalité qui existait entre les familles, jadis en harmonie. Tout d’un coup,
il va se donner pour mission de parvenir à la réunification de tous les foyers
et de découvrir une source d’eau afin de faire renaître la vie dans la
communauté. Il se lance dans cette quête avec Annaïse (la fille de la famille
rivale qui va devenir son adjuvante) pour faciliter la réconciliation. La
source d’eau est finalement retrouvée après de durs labeurs du garçon de
Bienaimé. Mais hélas pour cet homme si courageux, il va être assassiné par son
ennemi et rival juré Gervilen. Malgré le personnage principal du récit allait
mourir, son rêve devient une réalité. La réconciliation, la joie et la gaité
vont faire leur retour pour la plus belle à Fonds-Rouge après que l’eau est
amenée grâce au concours de tout un chacun.
Par la suite, l’attitude de
Manuel est aussi un vibrant appel à la solidarité. Cet homme, ayant constaté
cette calamité naturelle, pourrait choisir de retourner à Cuba. Pourtant, il a
décidé le contraire. Sans trouver une aide considérable auprès des autres (à
l’exception de sa mère et de sa fiancée), il marche seul avec opiniâtreté dans
les mornes afin de trouver l’eau. Et en la découvrant, il ne la dispose pas comme
étant la sienne. Il ne fait pas l’idée de ne percevoir aucune somme de la part
des paysans pour qu’ils puissent en avoir accès. Bien au contraire, il croit
que c’est un devoir qu’il a accompli. Vu que pour le protagoniste du roman, il
existe un rapport étroit entre la responsabilité de tout être humain et le sens
de la vie. Dans cet ordre d’idées, il affirme à Annaïse : « Oh sûr, qu’un jour tout homme s’en va en terre, mais la vie elle-même,
c’est un fil qui ne se casse pas […] Parce que, chaque nègre pendant son
existence y fait un nœud : c’est le travail qu’il a accompli et c’est ça qui
rend la vie vivante dans les siècles des siècles : l’utilité de l’homme sur
cette terre. », (Roumain, 2007 :117).
Et même après avoir reçu le
coup de Gervilen qui va lui coûter sa vie, il a continué mordicus à demander à sa mère d’aller rencontrer les autres
familles pour leur insister de se réconcilier. Tout en agonie, il interdit sa
mère de ne pas dévoiler l’identité du criminel dans l’ultime intention de
préserver l’eau. Délira, de son côté, au lieu d’être animée par l’esprit de
vengeance, va poursuivre cette leçon de solidarité reçue auprès de son fils en
réunissant les citoyens de la localité en vue de leur communiquer le message de
paix et d’harmonie laissé par Manuel. Et elle demande à Annaïse d’aller montrer
la source à eux. Car, Délira comprend bien qu’« Il n’y a qu’un seul moyen de nous sauver […] : c’est pour nous de refaire l’assemblée des travailleurs de la terre […]
de partager notre peine et notre travail
entre camarades et camarades », p.128.
Par ailleurs, Manuel de son
vivant faisait la promotion pour le coumbite - travail collectif qui demande la
participation de tout le monde. Il
montre que la force des individus demeure dans leur collectivisme alors que
l’individualisme rend impuissant sur divers aspects. C’est précisément ce qu’il
veut dire quand il déclare ce qui suit : « L’un a besoin de l’autre. L’un périt sans
le secours de l’autre […] Ce qu’une main n’est pas capable, deux peuvent le
faire. », p.128 et 152. Puisque, avance le narrateur, « Nous sommes une force, […] : tous les habitants, […]. », p.77. En
définitive, il semble bien que ce roman mérite d’être lu par tous les Haïtiens
à un moment où la nation est déchirée en mille morceaux et à une époque où le
sens civique est quasi-absent chez nos compatriotes. Puisque, à bien lire ce
récit, nous allons comprendre que l’un ne va pas sans l’autre. D’où, c’est
purement dans la solidarité que nous pouvons solutionner nos problèmes.
Jonathan GÉDÉON, étudiant finissant en Sciences Comptables et en Sciences Économiques.