Environnement: Récolte de mangues dans la Grand'Anse : un cadeau empoisonné

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Depuis des temps immémoriaux, la Grand'Anse, cette partie du sud-ouest de l'île d'Haïti, regorge de vivres, de fruits et légumes que sa population peine à consommer.



Certains qualifient la Grand'Anse de grenier du pays. Une concurrence voilée existe toujours entre la Grand'Anse et l'Artibonite pour savoir qui détient le monopole vivrier du pays. Avec ses mornes escarpés, ses bassins versants exceptionnels, sa couverture végétale et ses longues rives extraordinaires, cette région semble être un véritable paradis sur terre. Cependant, en étant enclavée entre le Sud et les Nippes, elle possède une particularité singulière : elle produit les meilleures mangues du pays.


En parlant de mangues, une liste de 129 variétés vient d'être établie pour les catégoriser, selon l'économiste Michaëlle PARAISON. C'est une opportunité pour un pays aussi pauvre que Haïti en Amérique, qui pourrait exploiter cette ressource précieuse dans un monde où manger bio est si onéreux. Cependant, les exportations peinent à décoller en raison de la proximité géographique et du manque de moyens pour traiter ce trésor jaune qu'est la mangue.


De mai à juillet, toutes les 14 communes de la région voient une abondance démesurée de tous types de mangues : mombin, francique, corne, cannelle, les rois, jean baptiste, sucré, plein boudein, carotte, Madan blan... Tout le monde en raffole.

Ce qui intrigue, ce n'est pas la qualité du produit, mais plutôt sa quantité. Les mangues pullulent partout dans les rues, les fermes, sous les manguiers, elles pourrissent même au sol. Les habitants sont impuissants face à ce cadeau empoisonné de la nature. Ils ne savent que faire. De plus, c'est un produit périssable dont la consommation ne dépasse pas trois jours après mûrissement. Un véritable calvaire pour les habitants qui sont dépourvus de tout.



Face à cette situation, que font les universités ? Les agronomes ? Comment pourront-ils développer des méthodes artisanales ou mécaniques pour sécher et conserver les mangues par la suite ?

Et que fait l'État haïtien dans tout cela ? Pourquoi ne pas lancer un programme d'accompagnement pour les planteurs (formation) ? Cet accompagnement pourrait être également technique, en impliquant les étudiants en agronomie qui pourraient, à travers de multiples projets, aider les cultivateurs à transformer les mangues en produits dérivés. De plus, la Grand'Anse est un département presque côtier qui pourrait établir des partenariats avec ses voisins de l'Amérique latine.



Développer des partenariats avec les pays dont le tourisme constitue leur fer de lance économique serait une opportunité. Il serait envisageable de faire de la mangue un produit d'échange commercial avec d'autres pays, qui pourraient le rétribuer par le biais de matériels de nouvelles technologies ou d'agriculture moderne mécanisée.

Ce problème récurrent concerne également d'autres cultures, telles que l'arbre véritable, le pois Congo, la banane plantain, et bien d'autres encore.

Quand aura lieu un colloque ou une conférence-débat sur cette thématique ? Quand prendra-t-on de nouvelles décisions au plus haut niveau de l'État pour accompagner les paysans ?

Les ONG et les pays amis ne sont-ils pas également concernés par cette situation ?



                                                                                    Prof. Joseph Junior TOUSSAINT

                                                                                                   Rédacteur/LCI

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