Le MENFP face aux examens officiels: un dilemme conscient. Pourquoi pas ?
De la stratégie à l’action, la réalisation des examens officiels par le MENFP n’est qu’une résultante. Pourtant, l’ignorance des paramètres techniques dans ce processus implique une discordance réelle dans la manière de faire. Il faut signaler que la réalisation des examens officiels par le MENFP est une action technique et pédagogique qui demande la maitrise des enjeux stratégiques dans une logique de participation engagée et une démarche collaborative citoyenne. Cependant, dans notre réalité éducative, elle est plutôt politique avant d’être sociale et technique.
Ce n’est pas une pratique actuelle mais plutôt le fruit de l’histoire, car en Haïti, l’imaginaire collectif sur l’éducation est la sphère la plus facile à intégrer du fait que les contraintes à l’entrée sont ignorées par les acteurs. Par exemple, quand une personne présente des déficits académico-professionnels où elle n’arrive pas à trouver un boulot adéquat par rapports des déficits présentés et les contraintes du marché, les membres de la famille disent souvent : “li chita la a li p ap fè anyen, menm lekòl li pa chache fè”. Cela dit :“Fè lekòl”. dans l’imaginaire collectif haïtien parait une activité réservée pour les défroqués académiques et socioprofessionnels et qui ne demande pas de compétence et de lucidité académique.
Pourtant,
faire
de l’école comme indique l’expression, est une activité de l’esprit
hautement prestigieuse qui demande de la réflexion maximale et des tactiques pédagogiques
élevées permettant aux émetteurs pédagogiques(enseignants et professeurs) de
traduire un contenu livresque en contenu pédagogique par des outils didactiques
adaptés et même d’autres scénarios appropriés pour faciliter le processus
enseignement/apprentissage. Pour ainsi dire, c’est une activité qui présente
des exigences élevées pour la faire. En ce sens, dans une logique de “pitye
pou lekol”, il est nécessaire de dépointer notre curseur sur cette
conception pour mieux valoriser les enseignants dans l’écosystème éducatif
ayant la mission fondamentale de transmettre des valeurs aux apprenants par
rapport à sa capacité intellectuelle qui
est supérieure à la moyenne de la classe enseignée. Le MENFP peut le faire et a
le moyen de le faire.
Bref, il faut dire que le MENFP se trouve toujours à la croisée des reformes éducatives. Ce que je mentionne dans mes recherches sociologiques la ballade des reformes. Cependant, les critères d’évaluation des examens (surveillance et correction) officiels ne sont pas toujours dans les débats de reformes alors que l’évaluation sans les critères sociopédagogiques, docimologiques et didactiques de surveillance est un affront pour le processus enseignement/apprentissage.
Historiquement, il faut admettre que les différentes tentatives de reformes éducatives en Haïti partant de la reforme de Bernard de 1979 jusqu’au plan décennal en éducation 2017-2017, les acteurs au MENFP n’arrivent pas à diminuer les effets de ce construit social sur l’expression “fe lekol” en Haïti et aussi sur les critères d’évaluation des examens officiels comme une étape ultime dans l’ambiance pédagogique. Ces aspects sont toujours contrôlés dans la majorité des cas par une complicité entre les acteurs éducatifs (direction départementale) et les acteurs politiques (député, sénateur, magistrat, etc.). Ces éléments susmentionnés sont des facteurs qui justifient la mainmise des acteurs politiques sur l’éducation en Haïti et le niveau d’insouciance pédagogique des acteurs au MENFP.
Pourtant, les principes basiques en pédagogie et docimologie classique nous renseignent que l’apprentissage est un processus transparent et concis mettant dans une ambiance pédagogique un évaluateur et un évalué pour déterminer les acquis et les retenus pédagogiques. Hors de cette lignée, le MENFP comme organe stratégique et technique pour appliquer des politiques publiques en matière d’éducation ayant l’obligation des piloter des actions éducatives avec les acteurs concernés notamment les directions départementales pour faciliter le processus enseignement/apprentissage dans une ambiance sereine. Alors que dans une logique favoritisme le MENFP est incontestablement impliqué dans le non-respect des principes d’évaluation des examens officiels de manière consciente.
Dans cette démarche, parler de l’évaluation des examens officiels a pris en compte la surveillance des examens et les corrections des textes. Les directions départementales sont des organes responsables à sélectionner des acteurs pour y participer. Après le choix des enseignants, des étudiants et des professionnels en éducation, ce serait des hommes et des femmes ayant une certaine habilité dans ce processus pour aider aux spécialistes de réaliser cette tache pédagogique. Pourtant, ces catégories sont souvent exclus de ce processus, car les directeurs départementaux, les inspecteurs et autres sont souvent priorisés les acteurs politiques, car ils ont des militants à gérer. Ce qui complique souvent le déroulement de manière transparente et pédagogique des examens et même la publication des résultats dans un délai défini.
Monsieur le Ministre, par votre sens managérial et stratégique sur la façon de faire l’école en Haïti, la dernière circulaire du 14 juin 2023 justifie cet aspect, pourquoi pas une circulaire définissant les critères pour être surveillant et correcteur dans les examens officiels tenant compte d’abord des spécialistes dans ce domaine et des jeunes universitaires ?
Pourquoi
pas une volonté de signer des protocoles d’accords avec les universités
publiques régionales, le Rectorat de l’Université d’Etat d’Haïti, les centres
éducatifs pour faciliter les jeunes universités de participer dans le
déroulement des examens officiels comme une contribution sociale inclus dans
une logique de travail social responsable ?
Pourquoi pas la participation de tous les enseignants dans le processus de surveillance des examens officiels, car ils sont mieux maitriser les paramètres liés à l’évaluation et mieux comprendre les apprenants en situation ?
Pourquoi
pas la participation de tous les Normaliens, CFEFiens et FIAristes dans le processus de correction des examens
officiels, car ils sont mieux maitriser les paramètres liés à la docimologie et
mieux comprendre les théorèmes élèves comme outil
didactique dans l’évaluation des apprenants ?
Dans
le département de l’Ouest notamment à Port-Au-Prince où les militants sont plus
debout, pourquoi pas d’abord, une sélection automatique des anciens ou actuels
étudiants du CFEF, de l’ENS, de la FIA puis des étudiants de l’UEH comme des
boursiers de l’Etat pour réaliser ce
processus avec compétence et intelligence ?
Pourquoi pas une commission indépendante dans chaque zone travaillant avec les inspecteurs pour superviser et gérer les centres d’examens et les centres de corrections pendant la période indiquée sans recours à des militants politiques en dehors du système éducatif ?
Pourquoi pas et pourquoi pas ?
Monsieur le Ministre, vos actions, suivant mes prérequis en management public, s’enlisent dans une logique de la bonne gouvernance. Cependant, en ignorant des aspects techniques et la banalisation des spécialistes pour rehausser l’éducation en Haïti aura des répercussions négatives sur votre personne en dépit de votre bonne volonté. Le crayon de l’histoire n’a pas de gomme. Que les CFEFIENS, les NORMALIENS et les FIARISTES comme des boursiers de l’Etat soient au premier plan dans votre ministère pour déconstruire les schèmes autour de l’éducation en Haïti et de replacer l’éducation dans un standard international et adapté à la réalité socio-anthropologique des apprenants. Que ces POURQUOI PAS soient appliqués dans le processus du déroulement des examens officiels pour l’année académique 2022-2023 en dépit du contexte sociopolitique.
James FLEURILUS, Enseignant, Sociologue/Politologue, Rédacteur LCI